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Periple en Corse
13 septembre 2007

01 - Réveil précipité

L'Odysée de Pierrot LEHOUFF

En ce samedi d’avril, Pierre, comme chaque matin, vers 7 heures, allait chercher son courrier, un peu dans le brouillard, la tête encore dans des pensées opaques qu’il fallait dissiper au plus tôt. La veille avait été un jour difficile à cause du travail et de plein d’autres choses encore.

Comme un robot, il déposait mécaniquement sur la table du salon la pile de papiers en tous genres qu’il avait l’intention de ne consulter qu’après un petit déjeuner qu’il avait pris l’habitude de prendre seul depuis des années.

Pourtant, son œil fut étonnamment attiré par le coin d’une enveloppe qui dépassait à peine de sous une revue. Il y en avait des enveloppes, des magazines, les prospectus, de la publicité. Il avait remarqué ce coin parmi tout ce fatras : facture de téléphone, carte postale d’un parent éloigné, les « Lettres Françaises », « Sciences et découvertes », le renouvellement de son abonnement pour le « Courrier International », enfin, la revue hebdomadaire en papier glacé « Hot-Girls for Hard-Men », magazine anglophone plein de photos, (car Pierre était un passionné de photographie), ce qui ne le gênait pas car il jonglait avec toute l’aisance nécessaire - à cause de ses fonctions professionnelles - pour la langue de J. K. Rowling.

Il sorti cette enveloppe en priorité. Le café attendra. L’instinct de l’animal traqué, dont l’éveil est permanent, réminiscence d’années antérieures difficiles mais exaltantes au cours desquelles ses nerfs avaient été particulièrement sollicités.

« L’en-tête » ne lui donna aucun élément de réponse quant à la question qu’il se posait déjà : à savoir qui pouvait être ce correspondant dont le cachet de la poste indiquait son origine : "Ajaccio, le 18/04/07".

Comme pris par une prémonition soudaine, il évacua toute autre pensée de son esprit qui se mit aussitôt à fonctionner à toute allure. Pierre avait toujours eu des situations délicates à négocier et, la plupart du temps, il avait été dans l’obligation, souvent vitale, de prendre une décision immédiate. Pour être sorti du sommeil, il en était sorti ! Et pourtant, rien ne pouvait lui laisser supposer que ce qu’il allait découvrir allait bouleverser sa vie. Sixième sens ? Il y avait toujours cru, et il s’était même imaginé qu’il lui servait de bonne étoile. N’avait-il pas, un jour, dans l’inconscience la plus totale, et au péril de sa vie et peut-être celle d’autres, traversé la place de la Concorde, un jeudi à 18 heures ! A la sortie des usines ! Et Dieu sait si elles sont nombreuses dans ce quartier. D’accord, il avait emprunté les passages pour piétons. D’accord il avait respecté les feux tricolores. D’accord, il n’était pas seul ; il l’avait traversée au milieu de cette horde de parisiens tous pressés qu’ils étaient de rentrer à leur domicile : il y avait un match du PSG le soir même sur Canal. Mais quand même ! Heureusement, il n’en avait jamais parlé à sa maman, qu’il chérissait par-dessus tout : elle se serait fait rétroactivement tant de soucis. Il se serait alors grandement fait fâcher, ce qui l’aurait particulièrement contrarié. Pierre n’aimait pas, mais pas du tout être contrarié, fusse par sa maman chérie.

Ce matin, il avait décidé d’accorder toute son attention à cette enveloppe, somme toute ordinaire. Mais son intuition lui commandait de l’ouvrir, toute affaire cessante. Ce qu’il fit, sans prendre le temps ni de prendre sa douche, ni son petit déjeuner, ni de lire le journal, ni de réveiller Madame, car Pierre était marié, mais ça, c’est une autre histoire !

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