Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Periple en Corse
10 octobre 2007

10 – L’arrivée en Corse

La nuit fut très calme. Le ronronnement des 41 100 Kw du « Napoléon Bonaparte » n’avaient pas été nécessaires pour l’endormir. Son voisin de couchette s’en était chargé, même si c’était à son insu. Pas de rêve cette fois. Il fut, par contre, violemment réveillé par une annonce qui faisait vibrer les hauts parleurs et qui annonçait une foultitude d’informations : « il est 5heures 30, le jour ne va pas tarder à se lever, les douches sont chaudes, la température de l’air de 18 degrés Celsius, 62 degrés Fahrenheit, ciel dégagé mais encore peu lumineux tendant à probablement s’éclaircir à mesure que le jour va avancer, l’hydrométrie est de 72%, le restaurant « les Flots Bleus » est prêt pour le petit déjeuner, Bastia a encore perdu sur son terrain face à Brest 2-0, à cause d’Erwan Karadec, l’arbitre du match, plusieurs attentats non encore revendiqués et commis en Corse du Sud ainsi qu’en Corse de l’Est, enfin qu’un mouvement de grève du personnel de la SNCM était à prévoir dans les heures, voire les minutes qui allaient suivre. (On vous tient au courant) ». Cette brève allocution eut le mérite de faire sortir de leur couchage Pierre et son nouvel ami. Il se précipita hors de la cabine dès qu’il eut enfilé à la hâte ses vêtements de la veille. A la hâte car il voulait se débarrasser de sa sangsue qui était partie pour l’entretenir au sujet de la corsisation nécessaire et indispensable des services publics corses, sans quoi il faudrait s’attendre à ce que….

Pierre trouvait l’atmosphère plutôt fraîche malgré les 62 degrés annoncés. D’accord, « on dirait le sud » s’était-il entendu penser dans le fond de sa tête, mais tout de même, ici, les 62 degrés ne sont pas très chauds. De plus, une légère brise marine venant de la mer faisait claquer les fanions multicolores accrochés aux cordages au milieu desquels Pierre comprit, d’après ce qu’il venait d’entendre de la part d’un voyageur, mais sans en voir, qu’il y avait beaucoup de têtes de morts. On n’y voyait goutte car le soleil était encore bas sur l’horizon, tellement bas qu’il était encore sous l’horizon. En conséquence de quoi, la côte ne signalait sa présence que par les quelques lumières qui, au loin, très au loin, scintillaient dans une brume qu’on devinait davantage qu’on ne voyait.

Par contre, sur la gauche, on apercevait parfaitement le phare des Iles Sanguinaires, qui, d’après ce que disait un passager, était reconnaissable grâce à ses trois éclats blancs toutes les quinze secondes, et qui est au golfe d’Ajaccio ce qu’est la statue de la Liberté à l’entrée du port de New York.

Le soleil commençait à sortir de son sommeil. Le jour pointait et La Corse se dévoilait doucement, sous la forme d’ondulations sombres qui se détachaient d’un ciel rougeoyant, aux regards émerveillés de ceux qui abordaient cette île pour la première fois, ceux de la diaspora qui revenaient au pays, la gorge nouée après, peut-être, des années d’absence. Pierre pensait que Christophe Colomb devait avoir eut une impression similaire lorsqu’il découvrit les terres au-delà de l’horizon de la pointe du Raz.

Depuis un moment les mouettes tournaient autour du bateau : les premiers autochtones venaient leur souhaiter la bienvenue. On croyait déjà sentir les premières effluves du « maquis sauvage » comme aimait fredonner Mamichou, une des chansons préférées de son chanteur fétiche : Tino. Peu à peu le paysage se précisait. On commençait à distinguer les habitations et chacun allait de son commentaire : « Ca, c’est le Scudo ! (la maison de Tino, justement), puis, passant de bâbord à tribord : « voyez Porticcio au fond ! », « on aperçoit la tour de Capitello ! ».

La pilotine, transportant le commandant qui devait assurer les dernières manœuvres au port, accosta le long du bateau et l’expert en la matière, escalada avec l’habitude de celui qui fait cela dix fois par jour, l’échelle de corde qui le propulsait avec des gestes sûrs, au niveau du pont. On arrivait. La ville basse d’Ajaccio à dominante ocre, s’étalait devant lui, ponctuée des taches vertes des palmiers et des platanes. Le port, que surmontaient les barres blanches de la ville haute, s’étalait dans toute sa majesté sous le regard impressionné de Pierre qui avait un petit pincement au cœur. Il pensait que le voyage était arrivé à son terme et que les choses sérieuses allaient commencer. Cela ne devait pas l’empêcher, toutefois, de profiter de la beauté du site, d’aller à la découverte des coins et recoins de cette ville que cette vue d’ensemble, en forme de carte postale prometteuse, laissait présager.

Un nouveau message se fit entendre pour annoncer aux passagers voyageant avec leur véhicule, de se diriger le plus vite possible vers le garage afin de ne pas entraver les manœuvres de débarquement. Pierre, compressé au milieu de la foule, se laissa entraîner vers le quatrième sous-sol, unique étage comportant des véhicules, en cette saison encore peu fréquentée. C’est la raison pour laquelle il n’eut pas de difficulté pour retrouver sa Clio, bien qu’elle était coincée entre un 4X4 tractant un Zodiac et une grosse BMW noire. Il fut impressionné, non seulement par la voiture, superbe, imposante, mais aussi par son propriétaire, qui devait certainement se rendre à un enterrement, coiffé qu’il était, d’un chapeau à large bord, le visage barré par des lunettes noires et la chaîne en or qui pendait négligemment de la pochette de son costume aussi noir que son véhicule. Son air assez lugubre (la tristesse sans doute de la perte d’un être cher), n’aurait tout de même pas incité à la conversation. A tout prendre, il préférait son compagnon de nuit qu’il avait d’ailleurs perdu de vue. Cette BMW lui donna un peu de honte par rapport à sa modeste Renault qui n’avait pas plus d’éclat ni de couleur que de chevaux sous le capot. Une BMW ? Au fait, pourquoi pas ? Il sera temps et possible de faire cette concession avec celle de Mercedes dans la même journée au retour. Encore, se dit-il, qu’il n’y avait pas le feu. Il aurait d’autres soucis concernant notamment la manière de placer au mieux cette fortune qui l’attendait là, peut-être à quelques kilomètres d’ici. Il s’était donné huit jours, comme ça, à l’estime, se fiant à son instinct, avant de pouvoir plonger ses mains dans ce trésor qu’il assimilait à un coffre rempli de pièces d’or, à l’instar de l’oncle Picsou. Qu’allait-il faire de tout cet argent ? Curieusement, il n’y avait pas trop pensé. Il faut dire qu’il en ignorait le montant mais aussi que Sophie, dans sa grande perplexité et sa sagesse avait été très prudente sur ce sujet.

Il n’eut qu’à suivre le flot la bonne centaine de voitures qui le précédaient pour se retrouver sur le quai, premier contact avec cette terre inconnue. Première surprise aussi, contrairement au visage qui figurait sur le drapeau corse, les habitants du pays étaient en majorité de couleur blanche. Le soleil commençait à être plus haut dans le ciel et déjà, malgré l’heure encore matinale, une douce chaleur baignait la ville. On était loin de Paimpol.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Le héros écoute Tino Rossi, l'auteur est à un concert de Giovanni Belluci... Bin bravo, ça arrange pas les affaires de notre Pierrot.<br /> Monsieur l'auteur, ne croyez vous pas qu'il est grand temps d'aider Pierrot à retrouver son trésor.<br /> Il a quand même cramé 2 pleins de super SP 97 avec sa 205, sans compter le repas avec 2 boutanches de cahors, plus la nuitée au formule 1, faites le compte!!!<br /> Vous voudriez le ruiner, ce pov' Pierrot, que vous ne vous y prendriez pas autrement! <br /> Monsieur l'auteur, je ne vous salue pas!<br /> <br /> P.S. Non, je déconne Gégé, mais nulla dies sine linea, comme je te l'ai entendu dire, alors va falloir te remettre au travail.<br /> <br /> Signé: un lecteur qui aimerait bien connaître la suite
I
A ce rythme, on est pas arrivé à Sartène. <br /> Seriez-vous en grève Monsieur l'auteur ?
A
Il est enfin arrivé. Monsieur va falloir le réveiller le Pierrot. C'est pas le moment de batifoler si il veut son trésor
Periple en Corse
Publicité
Archives
Publicité