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Periple en Corse
24 septembre 2007

05 - Les préparatifs.

C’est ainsi que commença le périple dont Pierre n’avait aucune idée quant à la suite des évènements.

En homme très organisé, il consulta la mappemonde, éclairée de l’intérieur, qu’il avait offert à son fils trois ans plus tôt, dans l’espoir de situer l’île de Bandor, l’île du Levant, afin de trouver la position exacte de la Corse et afin de réfléchir sur la meilleure façon de s’y rendre. Sophie ayant décidé de ne pas l’accompagner, le voyage se compliquait singulièrement. Il avait beau avoir bourlingué des années durant du nord au sud du Finistère, hanté certains quartiers peu reluisants du XVIIIème arrondissement de Paris, il aurait préféré effectuer ce voyage avec son épouse. Cela n’aurait pas signifié pour autant qu’il aurait joint l’utile à l’agréable. Il aurait mieux fallu dire «  joindre l’utile à l’utilitaire ». Et puis, une semaine sans Sophie, après tout, cela ressemblait à de vraies vacances ! Il sous estimait probablement l’aspect « utilitaire » de sa charmante épouse. Qui s’occuperait de ses chaussettes, de ses casses croûte ? Pierre avait cette formidable dose d’inconscience nécessaire à tout homme qui prend des risques sans lesquels tout être humain ne peut évoluer, se transcender.

Hélas, la mappemonde lui fut de peu d’utilité car il n’arriva à trouver ni Bandor ni Levant. Il demanda à son fils Konhouarn de l’aider et, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la carte Google affichait sur l’écran plasma 19 pouces : et la Corse, et la ville d’Ajaccio et la moitié ouest de la Méditerranée où l’on pouvait situer Marseille, Toulon et même Cassis ! Ah le bon blanc-cass ! Rien de tel pour remettre un honnête homme en forme « chaque matin avant le turbin » comme disait une vieille chanson qu’il aimait à fredonner. Ca, c’était une trouvaille descendue du ciel de petit papa Noël dernier : un ordinateur que Pierre avait gagné à la tombola organisée par l’Association « Breizh Ar Cuivres », dynamique fanfare de Plouhinec qu'il avait fréquenté il y a bien longtemps. Ce lot était tombé à pic. Comme avait dit Sophie, « ça fera ça de moins à dépenser. On pourra ajouter de la confiture dans la sauce Grand Veneur à l’occasion du repas de nouvel an, puisque ta mère nous fait l’immense plaisir de s’inviter ». Elle avait appuyé le mot « immense ». Il y avait beaucoup d’ironie, de rancœur et de fiel dans son propos. Mais Pierre avait pris cette phrase au premier degré et en était reconnaissant à sa femme pour tous les égards qu’elle ne manquait jamais d’avoir pour Mamichou.

Bateau ? Avion ? Après bien des heures passées au téléphone auprès des différentes agences de voyage de Morlaix, il se décida enfin à prendre une décision : ce serait en bateau jusqu’à Marseille. Ils n’avaient qu’une voiture : une Clio ancien modèle qu’ils voulaient changer à la rentrée en comptant sur les bénéfices occasionnés par une future probable prochaine et vraisemblable bonne pêche de sardines du golfe de Gascogne. Ils comptaient sur les nouvelles directives de Bruxelles tant de fois promises, qui avait décidé « de clouer le bec et raccourcir les filets de ces salopards d’espagnols ». (Dixit la déclaration en catimini du Ministre Européen de la Mer). Sophie irait à bicyclette à son travail. En effet, il pensait qu’il lui faudrait rouler pas mal là bas et le prix d’une location de voiture l’en avait dissuadé, même pour huit jours. Restait le problème des congés qu’il fallait régler. Le patron des « Sardineries de Ploemeur » était un homme compréhensible. Il ne lui poserait aucun problème. Celui-ci avait d'ailleurs constaté en bon chef d’entreprise et en bon manager des Ressources Humaines, qu’un de plus ou un de moins dans l’effectif, surtout dans le cas de LEHOUFF, ne mettrait pas la boutique en péril.

Sophie semblait se désintéresser de la question. Elle ne croyait pas beaucoup à cette histoire de chasse au trésor. Une semaine sans Pierre n’était pas la fin du monde. Et puis ainsi, elle aurait la paix, et pourrait se concentrer pour terminer son ouvrage : le bonnet breton en dentelle de Ploemeur qu’elle comptait finir avant le Téléthon, pour l’offrir aux malheureux démunis du Darfour.

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